Les armoiries de la ville ASSOCIATION POUR L'HISTOIRE ET LE PATRIMOINE SEYNOIS


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LES CÂBLES SOUS MARINS A LA SEYNE SUR MER

 

I – L’USINE A CABLES (1881 – 1970)

 

La base des câbles sous-marins de La Seyne sur Mer a rassemblé au cours de son histoire toutes les fonctions attachées au monde des câbles sous marins : accueil et soutien logistique de navires-câbliers, fabrication et entretien des câbles, exploitation de liaisons en service et formation aux technologies de la mer. Toutes ces activités ont fait de l’actuelle Base Marine de la Méditerranée (BMM), établissement de France Télécom-Marine, un complexe unique en Méditerranée et dans le monde entier.

La loi du 2 mai 1837, complétée par le décret-loi du 27 décembre 1851, instaure le monopole par la loi de la transmission télégraphique. Le télégraphe électrique est la première application de l’électricité et les premières lignes sont installées le long des voies ferrées Paris-Rouen et Paris-Lille en 1845 et 1846. En 1850, le gouvernement français désireux de contrôler cette technologie prometteuse crée l’Administration des Télégraphes dépendant du Ministère de l’ Intérieur.

Le 6 janvier 1851, parmi les décisions prises dans les décrets de prospérité, Louis Napoléon décide de relier Paris à toutes les préfectures (dont Ajaccio et Alger). Deux mois plus tard, le 1 mars 1851, le télégraphe est mis à la disposition du public. La Direction des Télégraphes, confiée au vicomte Henry de Vougy en 1853, est élevé au rang de Direction Générale des Télégraphes. A la même époque, la Marine nationale possède également un service sémaphorique.

Le 23 août 1850, un premier câble est posé entre la France et l’Angleterre. C’est un échec vite réparé puisqu’une seconde liaison est posée le 19 octobre 1851. Cette ligne est ouverte au public le 13 novembre et il ne faut plus qu’une heure pour transmettre un message de Paris et Londres. Le 1 décembre 1852, les relais intermédiaires placés aux extrémités du câble sous-marin sont supprimés et la ligne Paris–Londres est ouverte. Très rapidement, les Britanniques relient Londres à l’Irlande et aux pays continentaux européens par câbles sous-marins et les pays continentaux européens disposent de réseaux télégraphiques interconnectés.

Les câbles sous-marins télégraphiques de Toulon (1863–1871).

Pour le gouvernement français, il faut relier la Corse et l’Algérie à Paris. Trois câbles sont commandés en Angleterre : Bastia – La Spezzia, Bonifacio – Santa-Thérésa et Cagliari – Bône. Les deux premières sont installées en 1854 et fonctionneront respectivement jusqu’ en 1863 et 1961. La pose de la liaison sur l’Algérie est un échec et le projet sera définitivement abandonné en 1859.

La seconde tentative sur l’Algérie a lieu entre Toulon et Alger en 1860. En fin de pose, le câble casse au large des Sablettes. On décide de dériver la ligne qui passe devant Minorque sur Mahon pour disposer d’une liaison sur l’Algérie par Barcelone et les Baléares. Deux nouvelles tentatives Port-Vendres – Mahon et Toulon – Ajaccio échouent en 1861.

La Marine Nationale exploite alors un réseau électro-sémaphorique destiné à la surveillance côtière et aux communications avec les navires. En 1863, le réseau de l’Arrondissement de Toulon comprenait les câbles suivants :

 

En 1863, le gouvernement crée à Toulon un service des Câbles sous-marins électro–sémaphoriques confié à un Ingénieur des Télégraphes, M Ailhaud. La Marine Impériale est chargée de fournir un terrain et des moyens. A cette époque, Toulon sur Mer est un port de guerre très important qui est relié à Paris, d’ abord par le télégraphe Chappe puis par une liaison télégraphique posée le long de la voie ferrée en 1859.

Dans une lettre du Préfet Maritime datée du 23 septembre 1863, le Ministre de la Marine est invité à rechercher sur le domaine dépendant de l’Arsenal de Toulon, un emplacement propre à la construction de 4 bassins pour y déposer les câbles de la télégraphie sous-marine et un appontement abordable. Il demande au Directeur du Télégraphe de Toulon et au Directeur des Travaux Hydrauliques (Ponts et Chaussées), de se concerter pour le choix. Quelques mois plus tard, le service des câbles sous-marins dispose d’une modeste usine de fabrication, construite sur un terrain militaire adossée aux remparts du Mourillon. Elle abritait 2 cuves ainsi qu’une câbleuse de petit modèle capable de fabriquer des câbles de faible longueur destinés aux liaisons côtières assurant la surveillance et la sécurité en mer et aux réparations des câbles déjà en service avec la Corse et l’Algérie. Il est doté de deux entrepôts installés l’un à Brest et l’autre au Havre.

Le service de Toulon reçoit également en dotation le premier élément de la flotte câblière : le " Dix Décembre ", vapeur aménagé en câblier, qui sera rebaptisé Ampère (premier du nom) en 1870. Il restera en service à La Seyne jusqu’en 1874, puis dans le " Nord " jusqu’en 1925. M Ailhaud est un homme de décision qui, embarqué sur le navire de pose William Cory, avait pris la décision d’atterrir à Mahon et d’abandonner momentanément la partie Nord.

Le navire est une unité de la Marine Impériale armé par un personnel militaire. Il effectuait les travaux en mer avec un complément de personnel civil de la Direction des Télégraphes du Ministère de l’Intérieur. De nombreuses situations tragi-comiques alimentent la chronique pour qui peut consulter les rapports de l’époque. Ainsi, il arriva qu’un jour le navire étant commandé par un lieutenant de vaisseau, l’ingénieur des Télégraphes se fit confectionner un uniforme de capitaine de frégate.

La première opération confiée au " Dix-Décembre " est la pose du câble Oran-Carthagène en 1864. Le personnel du bord ne maîtrise pas encore très bien le travail du câble sur ce navire peu manœuvrant. L’affaire tourna court et la partie anglaise s’en plaignit ouvertement. La dualité de personnel militaire pour la conduite du navire et civile pour le travail câble n’engendrait pas des relations sereines. L’année suivante, on confie au " Dix Décembre " la pose de deux liaisons Macinaggio–Bastia (pour remplacer le câble précédent abandonné) et Marsala–Bizerte-La Calle. Les liaisons entre Paris et ses préfectures du Sud fonctionnent.

L’année 1866 est une grande année pour les Britanniques qui posent simultanément deux câbles transatlantiques et commencent la construction de la liaison sur l’Inde (via Gibraltar – Malte et Alexandrie). Lorsque le câble sous-marin atteint Karachi en 1870.

Le gouvernement français souhaite se raccorder immédiatement à cette ligne qui doit être prolongée sur Singapour et de là, sur la Chine et l’Australie. Il confie l’affaire au baron d’Erlanger. Celui-ci qui venait de bénéficier d’une concession pour la pose d’un câble transatlantique français, dont la pose est réalisée en 1869. Le baron bénéficie d’une seconde concession pour l’installation d’une ligne Marseille – Bône – Malte et confie sa réalisation à l’Eastern Tg C° de Lord Pender. Les Conventions sont signées en 1869 et les Britanniques installent les câbles Marseille–Bône, Bône–Malte et Marseille–Barcelone. En contrepartie de l’acheminement du trafic entre la France et l’Algérie, une ligne télégraphique directe entre le rivage de la Manche et Marseille leur est attribuée.

En 1870, au lendemain de la défaite, Thiers prend connaissance d’une décision prise dans l’urgence par son prédécesseur : l’installation de deux câbles Gravelines–Cherbourg et Brest–Bordeaux ! Le premier câble est déjà posé, l’autre est fabriqué. Thiers et son ministre de l’intérieur Ernest Picard signent à Versailles, le 4 mai 1871, un décret approuvant les engagements pris par M Richard, inspecteur des Lignes Télégraphiques et la société Indian Rubber & Gutta Percha C° pour l’installation d’un Marseille–Alger. La compagnie relèvera le câble déjà posé et constituera un câble unique avec la fabrication en cours. Le NC International installe le premier câble Marseille – Alger le 1 juillet 1871.

En 1871, le réseau français de câbles sous-marins comprend un réseau électro-sémaphorique de 1.423 km, et un réseau de 1.140 km de câbles côtiers, Marseille-Alger (922 km) compris. Il est uniquement gouvernemental et ne représente que 2 % de la longueur du réseau mondial, alors de 64.000 MN (118.500 km). Le retard pris sur les Britanniques est considérable.

 

Vers une politique nationale (1871 – 1878). La Charente à Toulon (1874)

La situation héritée par la Troisième République naissante n’est pas acceptable. Les concessions accordées au baron d’Erlanger tournent mal. La Société du câble transatlantique Français est absorbée par l’Anglo-American Telegraph en 1873 et les liaisons vers l’ Orient dépendent de l’Eastern Telegraph C°. Dans les années qui suivent la chute de l’Empire, les hommes changent (Alphonse Foy remplace l’autoritaire De Vougy) et le gouvernement définit une nouvelle politique de câbles sous-marins pour sortir de la complète dépendance britannique.

Il renégocie les accords avec l’Eastern Telegraph C°. Entre 1870 et 1877, plusieurs conventions sont signées par les deux Parties. Les Britanniques se plaignent de la mauvaise qualité de la liaison télégraphique traversant le territoire français et de son manque de disponibilité. Les Français n’acceptent pas la priorité donnée au trafic international par rapport au trafic Algérien sur le Marseille-Bône. Le litige est soldé en 1877 par une convention qui prévoit l’installation d’un
second Marseille-Bône, entièrement neuf (car on se méfie de la pose par les Anglais d’un câble de récupération), et à la disposition des Télégraphes français. En contrepartie, celui-ci s’engage à fournir une ligne terrestre réservée (comprendre avec un itinéraire de secours) entre la " Manche et Marseille ".

En 1872, un décret gouvernemental daté du 24 octobre approuve la convention du 12 octobre signée avec la Grande Compagnie des Télégraphes du Nord (GNTC) pour la construction d’une ligne Calais–Fano (Danemark) donnant accès à la ligne trans-sibérienne, au Japon et à la Chine. Cet accord offre une solution alternative pour acheminer le trafic en évitant les compagnies anglaises. GNTC a toujours bénéficié du support du gouvernement russe puis soviétique. Lors de la crise de Cuba, les deux gouvernements des Etats-Unis et d’URSS demanderont à la compagnie danoise d’installer et d’exploiter le téléphone Rouge (en fait une ligne équipée de télé imprimeurs).

Un nouveau navire est affecté au service en 1873. La " Charente " est armée en câblier et commence son service en septembre 1874 par la réparation des câbles Corse–Sardaigne et Marsala–Bizerte-La Calle interrompus depuis 1869. Le nouveau navire restera en service jusqu’en 1931.

L’Ampère est alors affecté basé au Havre pour l’entretien du réseau côtier et franco-anglais. En 1877, " L’Année scientifique " note qu’un premier câble sous-marin est construit en France par les Etablissements Henri Menier de Grenelle et posé par l’ Ampère entre Le Havre et Honfleur. En 1878, la Charente pose une liaison Port Cros – Bénat. Un câble Antibes – Saint-Florent est commandé à Telcon et posé par le NC John Pender 1. Un second câble Marseille–Alger est posé en 1879 par le Dacia et la Charente. Ainsi, deux liaisons sécurisées constituées par deux câbles directs sont en service sur la Corse et l’Algérie. Rappelons que cet objectif avait été fixé 28 ans plus tôt en 1851.

Le 27 février 1878, la Direction des Télégraphes quitte le Ministère de l’Intérieur pour constituer avec les Postes le Secrétariat des P & T sous la tutelle du Ministère des Finances. Le gouvernement définit une politique de câbles sous-marins. Le réseau franco-anglais et les réseaux côtiers et de Méditerranée sont confiés au Ministère des P&T et les autres liaisons sont construites et exploitées par des compagnies privées dans le cadre d’une convention avec l’Etat. Cette politique fut poursuivie jusqu’en 1960.

M Ailhauld, directeur du service depuis la création décède en 1879 à l’âge de 55 ans. Né en 1824, polytechnicien, il est affecté aux Télégraphes en 1845. Ingénieur général en 1871, il a franchi tous les grades de l’Administration. Il participa à la plupart des poses sur les navires Britanniques et est à l’origine de toutes les décisions : aménagements de l’ Ampère et de la Charente, projets de câbles. En 1871 et 1875, il représente la France aux conférences internationales télégraphiques de Rome et de Saint-Pétersbourg. Il a développé un appareil duplex permettant d’exploiter le Marseille-Alger simultanément dans les deux sens.

Depuis 1871, M Ailhaud est secondé par M Wunschendorff (1841-1901) qui partageait avec lui les campagnes sur les navires. M Wunschendorff est à bord du navire posant le Marseille – Alger 1879. Il est ensuite désigné pour suivre la construction de l’usine de La Seyne. On lui doit également le " Traité de Télégraphie sous-marine " à l’usage des ingénieurs des Télégraphes publié en 1888.

La construction de l’usine de La Seyne-sur-Mer (1881).

La première usine française de fabrication de câbles est construite par l’Administration à La Seyne-sur-Mer en 1881. " La Charente " et la machine à câbles du Mourillon seront progressivement transférées à Brégaillon à partir de 1881. Lorsque la décision d’installer l’usine de La Seyne fut prise, il s’agissait de s’affranchir de la tutelle des Britanniques, pionniers en la matière. La nouvelle usine est dotée d’un port d’accueil des navires câbliers et des cuves nécessaires pour entreposer les réserves de câble.

Aucune extension n’étant possible à Toulon par manque de terrains bien situés, l’ Administration des Postes et Télégraphes demande au service des domaines de lui proposer un emplacement sur les rivages entourant la rade de Toulon permettant l’installation d’une usine de fabrication de câbles sous marins et attenante à un port pour accueillir les navires câbliers. Le choix se porte sur La Seyne-sur-Mer dans une partie marécageuse encore vierge de la plage des Esplageolles en bordure de mer. Cet emplacement, qui se trouve voisin des chantiers navals au sud et d’une usine de démolition au nord, semble réunir les conditions souhaitées. L’usine à câbles et ses voisines forment une zone industrielle importante peu é loignée de Toulon.

Un décret du 10 janvier 1880, signé de Jules Grévy affecte aux PTT un terrain de 10.654 m2. Le procès verbal de remise est signé par le Service des Domaines le 26 février 1880. Les travaux commencent immédiatement : la darse, le chenal d’accès et les quais sont rapidement réalisés ainsi que la construction de l’usine et ses dépendances. Les chaudières, la machine motrice à vapeur, les systèmes de transmission, les câbleuses ainsi que les tours à bobiner le fil caret et les bandes de toile sont mis en service le 7 mars 1882 et la fabrication commence. 

A bord de la " Charente ", le personnel du navire câblier transféré au Ministère de l’Intérieur était militaire et la conduite des opérations est confiée aux ingénieurs des Télégraphes. Les lieutenants de vaisseau Hornu et Sicard dé fendaient leurs prérogatives et les luttes de préséances sont sévères. Un chef de mission, ingénieur des Télégraphes embarqua un jour en uniforme de capitaine de frégate. On imagine la réaction de l’Etat Major militaire du navire.

Cette situation continua jusqu’en 1889. La marine, fatiguée des plaintes continuelles des deux corps retira purement et simplement ses équipages, officiers compris, laissant les deux bâtiments à la disposition des PTT. Cette dernière fit face et confia le commandement de la " Charente " à Mr Guisolphe, jeune capitaine au long cours, son premier capitaine civil. Elle procède à un recrutement laborieux parmi les marins du commerce inscrits maritimes ou pêcheurs de La Seyne. Le service " Machines " fut également confié à un civil, M Augustin, un Seynois qui venait de bénéficier d’une retraite militaire.

La formation au travail câble fut assurée par les ingénieurs des Télégraphes et deux ans plus tard, la " Charente " pose les liaisons Toulon–Ajaccio 1891 et Corse–Sardaigne 1891 construites par l’usine de La Seyne. Outre ces deux câbles, l’usine fabriquait des petites liaisons confiées à " La Charente". Chaque année, le navire passait le détroit de Gibraltar pour étoffer le réseau côtier grâce à ces nouvelles liaisons construites à La Seyne. Il aidait également l’Ampère à la réparation des câbles de l’Atlantique.

L’Ingénieur des Télégraphes mis à la tête de la direction habitait au quartier de Brégaillon, une résidence qui s’appelait " Château Vert ". Le quartier ne manquait pas de charme et le directeur pouvait ainsi bénéficier d’une large vue sur la rade, les installations de l’usine et le navire-câblier. Chaque matin, une baleinière, armée de 4 hommes se rendait à Brégaillon prendre l’ Ingénieur et le conduire au travail, dans les mêmes conditions qu’un commandant de bâtiment de guerre mouillé sur rade. Ce cérémonial ne manquait pas d’allure.

Henri Renouard, ingénieur électricien est nommé à l’usine de La Seyne en 1883 et s’installe au 30 quai Hoche. La Seyne est une ville de 12.000 habitants. Plus tard, il se fixe à Balaguier ou sa villa existe toujours. La famille Audic nous a fourni son témoignage et nous la remercions. Henri embarque sur la Charente ou sur l’Ampère. Connaissant parfaitement l’anglais, il traduit les nombreuses revues et livres qui traitent de la télégraphie sous-marine. Il a dû abandonner une carrière d’ingénieur pour l’administration car sa myopie l’empêchait de décoder les signaux lumineux du galvanomètre à miroir. Par contre, son ami de lycée à Montpellier, Paul Bayol est directeur des câbles sous-marins.

L’Usine de La Seyne est soumise à la concurrence du privé (1891-1918).

Le grand décollage de l’activité câblière démarre en 1892 avec les deux autres usines construites par le secteur privé : l’une est construite en 1888 à Calais par la Société Générale des Téléphones, l’autre installée en 1892 à Saint-Tropez par le Soci& eacute;té Grammont. La SGT achète également un navire de pose : le François Arago. La Société Industrielle des Téléphones, constituée en 1895, regroupe toutes les activités câbles sous-marins de la SGT : les deux usines de Bezons et Calais et le François Arago. Elle construira des liaisons dans le monde entier : un transatlantique, un réseau aux Antilles, des câbles côtiers, méditerranéens et sur la Côte d’Afrique mais également des liaisons destinées à raccorder les territoires français au réseau mondial : Nouvelle Calédonie, Madagascar, Indochine ….

1891 est une année clé dans l’histoire des câbles. Le 19 avril 1891, un dimanche, la presse nationale et toutes les Autorités civiles et militaires inaugurent l’ usine de Calais. Le Westmeath (futur François Arago) est amarré au quai de la Loire avec son chargement de câbles du réseau des Antilles. Il appareille le 21 avril à 11 heures du soir compte tenu de la marée.

Le 21 juillet 1891, un curieux débat se déroule à la Chambre des députés. On vote un crédit de 5.500.000 francs pour construire des liaisons Marseille-Oran et Marseille-Tunis. Millerand et la gauche défendent la construction des câbles à La Seyne mais le Ministre Freyssinet sort un lapin : la construction d’une seconde usine privée entre Toulon et Marseille. Il ajoute : " c’est à la Chambre de juger où est l’intérêt de l’Etat et si c’est à elle de dire si elle voit cet intérêt dans la mainmise de l’Etat sur une fonction industrielle nouvelle ou au contraire dans une porte plus largement ouverte à l’initiative privée ". La Chambre suit le Ministre du Commerce et de l’Industrie, les crédits sont votés mais l’attribution des marchés fera l’objet d’un appel d’offres entre les sociétés privées. Ainsi, chaque industriel aura la responsabilité de l’installation d’une liaison : à l’usine de la SIT de Calais, la liaison Marseille-Oran et à l’usine Grammont de Saint-Tropez, la liaison Marseille-Bizerte-Tunis.

L’usine de La Seyne continue ses fabrications de câbles à partir d’âmes (fils isolés à la gutta) approvisionnées dans le secteur privé en Angleterre ou en France (Bezons) ou reconstitue des r&serves à partir de câbles relevés sur réparation. Ils sont utilisés sur le réseau côtier. Pendant toute cette période, la fumée qui sortait de la cheminée de l’ usine donnait le signal d’une fabrication et les travailleurs seynois accouraient pour trouver une embauche temporaire en complément de leur activité.

En 1895, Paul Bayol est remplacé par Charles Morris à la tête du service des câbles sous-marins. Les responsables de la Charente cèdent également leur place. M Phillipot succède à M Guisolphe. M. Augustin prend une seconde retraite en 1908 et est remplacé par M Durbec. En 1902, Henri Reynouard est sanctionné pour avoir distribué le Pèlerin à des ouvriers et à des marins et il est muté disciplinairement à Vannes. On ne badine pas avec les principes sous le Ministère Combes ! Le domaine bénéficia de deux agrandissements en 1896 et surtout en 1904 (5.485 m2).

Lorsque les autres usines sont trop occupées à construire le réseau d’Atlantique Nord de la CFTC ou le réseau colonial d’Afrique de l’Ouest (Brest-Dakar 1905) et de l’océan indien, l’usine de La Seyne fabrique des liaisons importantes. Les deux câbles Oran – Tanger (1901) et Tanger – Cadix (1905) ont été fabriqués à La Seyne. De Cadix on peut rejoindre Saint-Louis et Dakar, et disposer d’une liaison de secours en cas de rupture du Brest-Dakar.

Nous disposons du témoignage de Louis Roussel qui embarqua sur presque toutes les campagnes du François Arago comme second Ingénieur en tant qu’ adjoint de Louis Rouillard (inventeur d’un grappin toujours en service). Au départ de L. Rouillard, il est chef de mission et il rend compte du travail à bord de ce navire poseur de câbles sous-marins. Entre 1893 et 1914, un siècle avant le Vercors, le François Arago a parcouru le monde : des Antilles en Nouvelle Calédonie, d’Atlantique Nord en Chine, de Madagascar à la Côte d’Afrique.

La Direction quitte La Seyne pour Paris (1905). La Seyne de 1905 à 1919.

La Direction du service quitte La Seyne en 1905 pour la capitale. M Laroze est nommé directeur du service. Il n’a pas laissé le souvenir d’ un homme dynamique. Le directeur de l’usine est alors M Pasquion qui conserva ses fonctions jusqu’à la retraite prise à La Seyne.

Un quatrième Marseille – Alger est posé en 1913. Le remplacement de la Charente est programmé. On commande le navire en Angleterre sur les plans d’un navire existant pour réduire les coûts d’étude et de fabrication. Mais la guerre éclate et le navire n’est livré qu’en 1918 : ce sera l’Emile Baudot. La charge de maintenir le réseau d’Afrique du Nord sera encore assurée par la Charente, qui ne chômait pas.

La guerre des réseaux sera une constante des guerres mondiales. La Convention Internationale du 14 mars 1884 sur la protection des câbles sous-marins n’est pas applicable en temps de guerre. C’était la volonté des Britanniques. Ainsi, ceux qui ont la maîtrise des mers ont également celle des réseaux télégraphiques. Après les deux conflits mondiaux, les vainqueurs se partageront les câbles et les navires des vaincus au titre des dommages de guerre.

Au début de la guerre, les alliés ont reconfiguré le réseau Allemand. Le câble Emden – Ténériffe - Monrovia est
transformé en Brest – Casablanca – Dakar. A la fin de l’opération, le navire-câblier Dacia est coulé en décembre 1915 par un sous-marin allemand en rade de Funchal (Madère). A la fin de la guerre, l es dépouilles sont partagées à partir du Cap des Palmes entre les Anglais (à l’Ouest) et les Français (à l’Est).

Michel Zunino embarque mousse le 16 octobre 1916 sur la Charente, il a 13 ans et son certificat d’études en poche. Présenté par ses parents, il découvre le monde du travail dans toute sa rigueur. La journée de travail est longue et dure. M Zunino terminera sa carrière premier maître soudeur à la fin des années 60, en étant chargé du contrôle en usine des fabrications de câbles.

Lorsque la radiotélégraphie commerciale apparaît dans les années 20, cette nouvelle technique est plus complémentaire que concurrente. Elle permet de relier les villes de l’intérieur. La radiotéléphonie grande distance transatlantique ne se développe qu’à partir de 1935. Elle n’a jamais été une véritable concurrente de la télégraphie.

L’entre deux guerres et la seconde guerre mondiale (1919-1945).

L’Empire Colonial soutient la politique industrielle du secteur des câbles sous-marins. En 1922, le réseau français représente 25% de la longueur totale du réseau mondial (76.000 MN / 318.158 MN). Le réseau public comprend les câbles côtiers, le réseau de Méditerranée et les anciens câbles allemands alloués en 1919 au titre des dommages de la guerre. Deux sociétés privées, la CFCT et la SUDAM exploitent leurs réseaux en service respectivement sur l’Atlantique Nord (CFCT) et l’Afrique et l’Amérique du Sud (SUDAM).

Au lendemain de la première guerre mondiale, l’activité se réduit. M Laroze n’a pas laissé une bonne image de son passage.
Original et peu ambitieux, il a laissé son nom dans les tables du Conseil d’Etat où sont enregistrés les recours pour " excès de pouvoir ". On raconte qu’il s’installait dans le wagon réservé aux Parlementaires lorsqu’il prenait le train pour venir à Toulon. Il déjeunait en commençant de préférence par un saucisson à l’ail qui décourageait toute intrusion dans son compartiment, y compris celle des contrôleurs qui ne lui demandaient que rarement de justifier de sa condition de Parlementaire. A un contrôleur insistant, il répondait invariablement : Vous m’insultez mon Ami ?

Il faut rappeler, à sa décharge, que les investissements publics sont orientés vers le développement de la radio à partir de 1920.

L’Emile Baudot ne comble pas les espoirs mis en lui. Le modèle assurait l’entretien du réseau de la Manche par petits fonds et près des côtes. Or, on lui demande d’essuyer les coups de Mistral et la mer Méditerranée. En 1925, la société
A. Grammont est choisie pour la construction du câble Marseille-Philippeville. La pose est confiée à un navire anglais le Silvergray. Ce sera la dernière fabrication de l’usine qui cesse son activité en 1926. Sur ce navire, deux représentants du service, le commandant de Pontbriant et son lieutenant M Pelletier. Ce dernier a écrit l’histoire détaillée de son passage aux câbles sous-marins entre 1926 et 1960 et collabore à l’ouvrage de Louis Baudoin sur " L’histoire Générale de La Ville
de La Seyne sur Mer ".

En 1930, la dégradation de la qualité du service et les interruptions trop fréquentes des liaisons sur l’Algérie provoquent
des remous au Parlement. L’Administration prend plusieurs mesures : La nomination d’un nouveau directeur : M Couderc et le lancement d’un navire : l’Ampère 2. Le navire est construit à La Ciotat et, à sa mise en service, l’Emile Baudot est envoyé au Havre pour l’entretien des câbles côtiers et des câbles avec l’Angleterre.
L’arrivée de l’Ampère sonne le glas de la Charente, restituée à la Marine Nationale. Les usines de Calais et La Seyne reprennent une activité soutenue. Il s’agit de renforcer du réseau de Méditerranée et de redéfinir la configuration du réseau
de Cote d’Afrique.

Un navire-câblier supplémentaire, l’Arago est acheté en Angleterre et basé à Dakar en 1932. L’équipement de tous les
navires est modernisé et des sondeurs électriques remplacent les sondeurs acoustiques. Chaque pose est précédée d’une
campagne de sondage et le meilleur tracé possible est recherché. Les fabrications s’améliorent, le réseau est rénové, les réparations sont moins nombreuses.

En 1935, l’Administration des PTT reconfigure le réseau de la côte d’Afrique. La liaison Lomé – Douala est utilisée pour en faire un Cotonou–Douala et la liaison Monrovia–Lomé (partie Est) pour un nouveau Grand Bassam– Cotonou. Le reliquat (partie Ouest du Monrovia – Lomé) est utilisé comme câble de réparation. Il s’agissait de câble de grand fond mais les besoins étaient surtout par petits fonds, ce qui eut des résultats assez catastrophiques. Ce travail demandera six mois à l’Arago sous la direction de l’Ingénieur Miramont.

Les câbles Bizerte 1931, Oran 1932 et Oran 1939 sont construits à Calais. Pour fabriquer le câble Marseille-Bizerte 1938, les âmes sont fournies par l’usine de Bezons et le câble est armé à La Seyne. On commande le câble Nabeul - Beyrouth 1939
en Angleterre puisque l’usine de Calais fabrique du câble microphonique pour la Marine. Les câbles Nabeul-Beyrouth et Nabeul-Igalo sont opportunément installés à la veille de la seconde guerre mondiale pour permettre à la France de rester en relation avec ses alliés balkaniques sans avoir à passer par l’Allemagne et ses alliés.

Pour l’inauguration de la liaison Nabeul–Igalo à Cattaro, le ministre Jardillier fait le déplacement avec l’Ampère. Le chef cuisinier Poly se souvient d’un homme simple venant aux cuisines demander un changement de menu, préférant les haricots et les pommes de terre du menu de l’équipage à la place de la langouste servie au carré des officiers. Le Président du Conseil, Léon Blum devait apprécier cet homme qui savait se faire apprécier du personnel des PTT.

La guerre (1939 – 1945).

A la veille de la Seconde guerre, le réseau français est équilibré. Le remplacement de l’Arago est commandé au chantier de Normandie à Rouen : ce vaisseau sera l’Alsace. Il est livré par les chantiers de Rouen quelques semaines avant l’invasion allemande. Après son armement à Brest, il est envoyé réparer un câble aux Açores. A la fin des travaux, il rejoint Dakar et y passera la guerre. Ce sera le plus chanceux de tous les navires-câbliers. Compte tenu de la rapide défaite de la France, le réseau n’est plus utilisable dans les zones occupées.

Les Anglais coupent les câbles atterrissant à Brest et réquisitionnent l’Emile Baudot " manu militari " dans le port de Plymouth.

Les activités de la base de La Seyne sont réduites. L’usine manque de matières premières. Les câbles du réseau méditerranéen sont toujours en exploitation jusqu’au moment de l’ invasion de la zone occupée. Devant les risques causés par les bombardements alliés, le personnel et les archives sont transférés à Salernes.

La Direction des Câbles est transférée de Paris à Montpellier. L’Ampère 2, basé à La Seyne, reste au port comme la flotte de Marine Nationale de Toulon. Le navire est d’ailleurs militarisé et son Commandant prend ses instructions de l’Amirauté.

Après l’occupation de la zone libre, les Allemands saisissent l’Ampère 2 et l’envoient à Marseille rejoindre un navire Italien : le Giasone. Ils sont chargés de détruire le réseau anglais. Mais les Anglais, maîtres sur mer, ne leur laissent pas la possibilité de sortir. De leur côté, ils coupent tous les câbles étrangers, y compris certains câbles français et en prélèvent
des sections pour rénover le réseau.

A la Libération, l’Ampère et le Giasone sont sabordés par les Allemands dans le port de Marseille. Seul le Giasone est récupérable. L’usine de La Seyne est miraculeusement préservée de la destruction en août 1944. Les chantiers navals proches sont pourtant entièrement détruits avant le repli allemand. On doit ce miracle à M Thole, un Allemand du service des PTT, qui protége l’usine de sa destruction car il savait que la coopération entre les deux pays reviendrait avec la
paix. Il sut s’opposer aux officiers SS.

L’après-guerre : rénovation du réseau (1945-1960)

L’activité reprend dès la fin de la guerre à l'arrêt définitif de l'usine en 1956.

Les fabrications cèdent progressivement la place. Les ateliers développent les parties mécaniques des répéteurs et
de nouvelles procédures de pose des câbles téléphoniques. On forme le personnel soudeur aux méthodes de raccordement des câbles coaxiaux et d’énergie (IFA par exemple).

Cette époque n'est pas une période d’inaction :
il s’agit de développer la nouvelle technologie de câbles sous-marins téléphoniques et des répéteurs souples et de trouver des activités à un personnel qualifié.

Il faut également remettre en état le réseau avec une flotte nombreuse mais peu appropriée. En Méditerranée, l’Alsace assure le travail, bientôt rejoints par l’Emile Baudot et le d’Arsonval après leur remise en Etat. Ensuite on envoie l’Emile Baudot à Brest car il est le plus adapté à l’entretien du réseau côtier. Après la construction de l’Ampère en 1951 (qui remplace le Baudot), les deux navires Alsace et Ampère 3 veillent sur le réseau côtier et sur les câbles de Méditerranée et de la côte d’Afrique. Le d’Arsonval rejoint Brest.

L’ère du téléphonique des premières générations (1956 - 1970).

En 1956, apparaissent les premiers câbles téléphoniques : Marseille-Alger, Kélibia - Bou Ficha posés par l’Ampère 3, modifié spécialement.

Lorsque les deux liaisons téléphoniques sur Alger (1957) et Oran (1961) sont mises en service, elles sont fiables et assurent le trafic vers l’Algérie. C’est la fin des liaisons télégraphiques … Pour poser la liaison Perpignan – Oran, un nouveau navire est mis en service : le Marcel Bayard. C’est le premier câblier moderne à propulsion diesel-électrique. Il possède une machine de pose à l’arrière adaptée aux poses de répéteurs. Il est basé & agrave; Brest avec le d’Arsonval.

1965, avec la pose de la liaison Cannes–Ile Rousse, marque le démarrage d’une période de pose. Chaque année, une nouvelle liaison sera posée vers le Maroc, la Tunisie, Israël et le Liban. Mais cette année-là, rares sont ceux qui parient sur l’avenir des câbles sous-marins. Les premiers satellites sont lancés et leur principale fonction civile est de transmettre les communications (téléphone et télévision). Le câble sous-marin, une technique ancienne, semble être dépassé.

La direction cherche des solutions pour diversifier les activités : campagnes océanographiques, pose de câbles d’énergie, campagnes " spot " (recherche des débris de la caravelle Ajaccio-Nice – pose de matériel de recherche civile ou militaire). Il s’agissait de tenir…

Le développement des techniques de pêche au large de Terre Neuve donne une opportunité. Les premiers transatlantiques de 1961 et de 1965 demandent deux ou trois réparations par mois. Les PTT français et britanniques sont co-propriétaires de ces câbles et obtiennent de l’ATT une présence de navires-câbliers européens. Une nouvelle aventure commence lorsque, chaque année entre 1965 à 1972, l’Ampère effectue une campagne d’été de six mois sur les bancs de Nerre Neuve.

Sous la direction de G. Baron, chef de mission et de M. Paglia, directeur de l’usine, l’Ampère effectue sa première campagne en 1965. Etat-major, équipage et mission se rendent compte du décalage entre les méthodes de réparation appliquées par le service et celles des Anglo-Saxons. L’Ampère répare un câble en 48 heures contre 16 heures au Cyrus Field ou au Lord Kelvin qui assuraient le travail. Il faut apprendre à se servir du matériel et appliquer les méthodes de réparation développées par le British Post Office. Pour les ingénieurs et les techniciens navigants, Terre Neuve est un laboratoire et un bon moyen de se perfectionner dans la langue de Shakespeare.

M. Paglia se chargera de l’approvisionnement du matériel de mesure et de jointage, du transfert de technologie et de la formation de la mission technique. Les commandants moderniseront les équipements du navire. Il faut apprendre pour préparer l’avenir. Les équipages connaissent un renouvellement complet. Une nouvelle génération embarque sur les navires du midi, du personnel inscrit maritime rapatrié d’Afrique du Nord rejoint les équipages corses, marseillais et la vieille garde africaine embarquée sur le navire de garde à Dakar. Les nouvelles équipes se forment dans les brumes des bancs de Terre Neuve et du Groenland, parmi les icebergs et les ours blancs. Avec des fortunes diverses, tout le monde se mettra à l’Anglais. Quelques années plus tard, certains marins se fixeront dans le Nouveau Monde et quelques Seynois trouveront des épouses qui vivent actuellement dans la région. La refonte des statuts du personnel inscrit maritime (Etat-major et Equipage) est nécessaire, de même que le régime de l’indemnité de mer des fonctionnaires embarqués.

A toutes ces questions, des solutions seront trouvées. Cinq ans plus tard, l’acquis doit être transféré en Méditerranée. En 1970, la mutation de La Seyne est décidée avec la transformation d e l’usine en base de maintenance. Cela fera l’objet d’une nouvelle étude.

 

 

 

 

 

 

Liste es Câbles sous-marins télégraphiques français de Méditerranée

Câbles posés de 1863 à 1939

Année

Atterrissements

Fournisseurs

Longueur

(km)

Poseur

Propriétaire

Hors service

1854

Bastia – La Spezzia

Glass Elliot & C°

 

Persian

Ministère Intérieur

1863

1854

Bonifacio – Sta Thérésa

Glass Elliot & C°

 

Persian

Ministère Intérieur

OK en 1869

1855

Cagliari – Bone

Glass Elliot & C°

 

1-Tartar+Result; 2-Dutch

Ministère Intérieur

HS

1857

Cagliari – Bone

R.S. Newall

 

Elba + Blazer 2

Ministère Intérieur

1859

1860

Minorque - Alger

Glass Elliot & C°

 

William Cory

Ministère Intérieur

1862

1861

Toulon - Minorque

Glass Elliot & C°

 

Brunswick

Ministère Intérieur

HS

1861

Port Vendres - Minorque

Glass Elliot & C°

 

Brunswick

Ministère Intérieur

1862

1861

Toulon – Ajaccio

Glass Elliot & C°

 

Brunswick

Ministère Intérieur

1863

1864

Oran – Carthagène

Siemens & Halske

 

Dix Décembre

Ministère Intérieur

HS

1865

Marsala - Bizerte

Siemens & Halske

 

Dix Décembre

Italie

OK 1869

1866

Macinaggio – Livourne

. Siemens & Halske

111.396

Dix Décembre

Italie

1931

1870

Marseille – Bone n°1

Telcon & W T Henley

828.022

William Cory

Mars, Alger & Malta Tg C°

1943

1871

Marseille – Alger n°1

Indian Rubber, G

921.999

International

Ministère intérieur

 

1874

Bonifacio – Sta Theresa

Indian Rubber, G

 

Ampère 1

Ministère intérieur

1903

1874

Marseille–Barcelone n°1

Indian Rubber, G

 

Dacia

Direct Spanish Tg C°

 

1877

Marseille – Bone n°2

Telcon

857,513

Calabria

Eastern Teleg C°

1943

1978

Antibes – St Florent

Indian Rubber, G

238.908

John Pender 1

Ministère PTT

1952

1879

Marseille – Alger n° 2

Indian Rubber, G

927.482

Dacia, Charente

Ministère PTT

1955

1890

Marseille – Alger n° 3

Indian Rubber, G

903.707

Dacia

Ministère PTT

1951

1891

Bonifacio – Sta Theresa

La Seyne

 

Charente

Ministère PTT

1931

1891

Toulon – Ajaccio

La Seyne

319.540

Charente

Ministère PTT

1957

1892

Marseille – Oran n° 1

S. Générale des Tph

1097.564

Westmeath

Ministère PTT

1953

1893

Marseille – Bizerte

Grammont

986.222

Calabria

Ministère PTT

 

1901

Oran-Tanger

La Seyne

516,880

Charente

Ministère PTT

1927

1905

Tanger - Cadix

La Seyne

145.212

Charente

Ministère PTT

1916

1905

Marseille–Barcelone n°2

Telcon

 

Dacia

Eastern Teleg C°

 

1913

Marseille – Alger n° 4

Société Ind. Tph

890.679

Charente ou F Arago

Ministère PTT

 

1926

Marseille - Philippeville

Grammont

845.834

Silvergray

Ministère PTT

 

1931

Marseille – Bizerte n°2

Société Ind. Tph

957.867

Ampère 2 – E. Baudot

Ministère PTT

 

1932

Marseille-Oran n° 2

Société Ind. Tph 

1178.816

Ampère 2

Ministère PTT

 

1936

Nabeul – Igalo

Société Ind. Tph

1495.914

Ampère 2

Ministère PTT

 

1938

Marseille – Bizerte n°3

La Seyne + SIT

889,715

Ampère 2

Ministère PTT

 

1938

Nabeul - Beyrouth

Telcon

2496.866

Faraday 2

Ministère PTT

 

1939

Marseille – Oran n° 3

Société Ind. Tph

1080.446

Ampère 2

Ministère PTT

 

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