Le Nautile est un sous-marin habité conçu pour l'observation et l'intervention jusqu'à une profondeur de 6.000 mètres, profondeur qui permet d'explorer 97% des fonds marins.
Il fait suite au bathyscaphe Archimède et au sous-marin Cyana. Le bathyscaphe Archimède pouvait intervenir au plus profond des océans (11 000 mètres) mais était lourd à mettre en œuvre parce qu'il devait être remorqué et entretenu à la mer au moyen de plongeurs.
Le sous-marin Cyana était léger et pouvait donc être embarqué sur un navire support, mais il ne pouvait explorer que 30% des fonds marins.

Le Nautile a été construit en coopération avec la DCN de Toulon.
Depuis sa mise en service en 1984, il a effectué plus de 1500 plongées à partir des navires océanographiques Nadir et Atalante.

Le système Nautile offre les fonctionnalités suivantes :
- observation directe grâce à trois hublots à grand champ de vision,
- prise de vue par caméra vidéo et photo numérique
- détection d'objets au sonar panoramique,
- manipulation et prélèvement grâce à deux bras télémanipulateurs et à un panier escamotable,
- positionnement acoustique : base longue (balises posées au fond) ou base ultra courte (capteur installé sur le navire),
- acquisition et enregistrement des données (navigation, capteurs).

A la place du panier, il peut aussi être équipé d'un robot télécommandé (Robin) pour la prise de vue dans des zones inaccessibles au sous-marin (intérieur des épaves).

Sa masse de 19.5 tonnes permet de le manutentionner sur un navire de tonnage relativement réduit.
Il est opéré par une équipe de huit personnes. En plongée, il embarque trois personnes (un pilote, un copilote et un observateur) pour des missions de 6 heures sur le fond.
Comme les bathyscaphes, il descend au moyen de lests de grenaille, s'équilibre sur le fond en larguant du lest et remonte en larguant le reste de son lest.
Il navigue sur le fond grâce à son propulseur principal, ses deux propulseurs latéraux et ses deux propulseurs verticaux.
Le Nautile est au service de la Science mais il peut être affrété pour d'autres types d'opérations et notamment l'intervention sur épaves.

Depuis sa mise en service, il a effectué une dizaine d'intervention sur épaves, notamment quatre opérations sur l'épave du Titanic pour le compte de la société américaine RMS Titanic et deux, dernièrement, sur l'épave du Prestige pour le compte du gouvernement espagnol.

Opérations sur l'épave du Titanic :

Des milliers d'objets ont été remontés de l'épave du Titanic au cours des opérations 87, 93, 96 et 98. La conservation de certains de ces objets, au fond de la mer depuis 1912, est étonnante. Des objets aussi fragiles que lettres, billets de banques, cartes postales sont parfaitement conservés.
Un exemple encore plus étonnant est un étui de savon à barbe qui remonté de 3800 mètres de profondeur, une fois ouvert, exhumait encore des parfums incroyables.
Les petits objets délicats (vaisselle) sont manipulés au moyen de ventouses alimentées en dépression par une pompe et remontés directement dans le panier de Nautile.
Les plus gros objets sont remontés dans des paniers équipés de flotteurs et remontés à la surface par largage de lest. Les gros objets de quelques centaines de kilos sont remontés au moyen de " Bags ", sortes de ballons remplies avec le gasoil du bord (le gasoil est incompressible et en raison de son différentiel de densité par rapport à l'eau de mer permet de lever 200 kilos par mètre cube).

En 98, une pièce du bordé du Titanic pesant 18 tonnes (Big Piece) a été remontée au moyen de cette technique (six ballons de 18 mètres cubes de gasoil) .
Il s'agit certainement de la pièce la plus lourde remontée des grands fonds au moyen de flotteurs.

Tous ces objets après avoir été restaurés sont maintenant exposés dans des musées parcourant les grandes villes du monde. Actuellement, il y a une exposition Titanic à Paris au musée de La Villette.

En 98, en collaboration avec les chaînes de TV américaines NBC et Discovery chanel, un direct du Titanic a été réalisé et il était prévu le chiffre incroyable de 250 millions de téléspectateurs dans le monde. Il s'agissait du premier direct des grands fonds jamais réalisé. Les images du Nautile et du petit robot Robin ont été transmises à la surface via une fibre optique perdable qui reliait Nautile à un autre Robot sous marin télé-opéré depuis la surface. Les images étaient ensuite retransmises sur les réseaux américains par satellite.
Au total quatre navires et environ deux cents personnes ont participé à cette opération.

Lors de cette opération le Robin est allé filmer l'intérieur de l'épave.
Après être rentré par le ciel ouvert de l'escalier des premières classes, il est descendu par le grand escalier cinq ponts en dessous du pont supérieur pour visiter la salle à manger des premières classes.

Opérations sur l'épave du Prestige :

Récemment en Décembre 2002, les exploits du Nautile ont été mis en avant lors de l'opération de reconnaissance et de colmatage des brèches de l'épave du Prestige.

A la demande des autorités espagnoles, le Nautile a d'abord lors d'une première phase localisé l'épave, observé l'environnement autour de l'épave, localisé les fuites et estimé leur débit.
Ensuite lors d'une deuxième phase il a colmaté les fuites au moyen de différents types d'obturateurs fabriqués sur place en fonction de la géométrie des différentes fissures et orifices. Au total 20 fuites ont été obturées ramenant presque à zéro le débit de fuite initial de 125 tonnes par jour. Les dispositifs mis en place devraient être efficaces pendant plusieurs mois voire plusieurs années.

Dernièrement, fin mai, le Nautile est retourné sur l'épave pour une mission de contrôle de l'état de l'épave. Aucune dégradation nouvelle ni fuite supplémentaires n'ont été observées.

Après analyse des fuites résiduelles, le débit de fuite total est aujourd'hui estimé à 700 kg par jour.
Après cette opération le Nautile reprendra cet été son programme de campagnes scientifiques.